PFAS : le mot devenu familier
Ce qui a commencé comme un terme technique en chimie environnementale est désormais un mot que beaucoup d’entre nous connaissent : PFAS. Ce nom générique pour des milliers de substances difficiles à décomposer apparaît de plus en plus dans les médias, les rapports… et malheureusement dans notre alimentation. Fait marquant — et inquiétant — même les œufs, longtemps considérés comme un aliment de base nutritif, peuvent contenir des traces de PFAS. Comment est-ce possible ? Et quel est le risque ?
PFAS : les produits chimiques invisibles du quotidien
Les substances per- et polyfluoroalkylées, ou PFAS, sont utilisées depuis les années 1950 dans de nombreux produits du quotidien : des revêtements antiadhésifs dans les poêles aux vêtements de pluie, emballages alimentaires et mousses anti-incendie. Leur principal avantage est aussi leur caractéristique la plus dangereuse : elles sont si stables qu’elles se décomposent à peine. Une fois dans l’environnement, elles y restent souvent pendant des dizaines d’années.
Cette persistance entraîne une accumulation des PFAS dans le sol, l’eau et les êtres vivants. Et les conséquences sont loin d’être anodines. Des études scientifiques relient l’exposition prolongée aux PFAS à un risque accru de problèmes hépatiques, perturbations du système immunitaire, déséquilibres hormonaux, diminution de la fertilité, voire certains cancers.
Du poulailler à l’assiette : comment les œufs se contaminent aux PFAS
Il est compréhensible de trouver ces substances dans des environnements industriels. Mais comment arrivent-elles dans quelque chose d’aussi simple qu’un œuf ? Le chemin est complexe, mais étonnamment courant.
Les poules en plein air sont en contact constant avec leur environnement — et c’est là que réside le danger. Si le sol dans lequel elles picorent est contaminé par des PFAS, par exemple via les pluies, le lessivage des engrais ou des rejets historiques, ces substances peuvent pénétrer leur organisme lors du grattage et du nourrissage. L’eau qu’elles boivent joue aussi un rôle : les poules qui s’abreuvent à des sources contaminées — près de sites industriels ou militaires — absorbent rapidement ces substances.
Le nourrissage n’est pas en reste. Si les aliments proviennent de cultures sur des sols pollués ou s’ils entrent en contact lors du transport ou du stockage avec des matériaux contenant des PFAS, c’est aussi un risque. Enfin, les PFAS peuvent se disperser dans l’air — surtout près d’usines d’incinération ou de production chimique — et retomber sur les exploitations agricoles. Même à faibles concentrations, une exposition prolongée peut mener à une accumulation.
Qu’est-ce que cela signifie pour le consommateur ?
Les œufs sont un aliment de base dans de nombreux foyers belges — au petit déjeuner, dans les salades ou les pâtisseries. Ils sont riches en protéines et relativement peu coûteux. Mais c’est précisément pour cela que leur contamination potentielle aux PFAS est préoccupante. Quand nous mangeons des œufs contenant des PFAS, ces substances entrent aussi dans notre corps. Et comme elles se dégradent peu ou pas et sont peu éliminées, elles s’accumulent. Même une faible consommation régulière peut, avec le temps, engendrer des risques pour la santé.
L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a établi des directives strictes concernant la quantité maximale de PFAS à laquelle une personne peut être exposée quotidiennement. Pourtant, les analyses montrent que les œufs de poules d’élevage amateur, surtout dans les régions aux sols contaminés, dépassent parfois ces limites — même avec une consommation d’un œuf par semaine seulement.
Que peuvent faire les consommateurs ?
Éviter totalement est presque impossible, mais ceux qui font attention à leur alimentation peuvent limiter les risques. Vérifie la provenance des œufs — surtout si tu les achètes localement. Demande où les poules sont élevées, ce qu’elles mangent et l’eau qu’elles boivent. Si tu possèdes toi-même des poules, il est judicieux de faire analyser le sol du poulailler ou du jardin en cas de suspicion de contamination.
Varier ton alimentation est aussi utile. Pas pour exclure les œufs, mais pour limiter l’exposition via une seule source. Les agences de sécurité alimentaire continuent d’informer et conseiller le public — notamment dans les régions où la pollution par les PFAS a été détectée.
Profiter en toute conscience
Les œufs restent un élément précieux de notre alimentation. Mais à une époque où la pollution chimique atteint de plus en plus souvent notre assiette, il est sage de manger avec plus d’attention. Connaître l’origine de ses aliments permet de faire des choix plus éclairés — et c’est peut-être la meilleure arme contre les menaces invisibles comme les PFAS.